« CUPIF (famille), originaire d'Écosse, Jacques, archer de la Garde écossaise, venu sans doute avec le connétable Buchan (ou un peu après) en France, serait resté au service de Charles VII et peut-être de René d'Anjou »
Célestin Port, Jacques Levron, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, H. Siraudeau et Cie, 1965
Parenté avec Renée CUPIF
Je descends de Renée CUPIF baptisée en 1579 à Angers (paroisse Saint-Pierre) et mariée à Etienne FOYNEAU en 1598 à Rennes (paroisse Saint-Germain). Les généalogies anciennes font de Jacques CUPIF et son épouse Renée de l'ÉPERVIÈRE les arrière-grands-parents de Renée, ce qui reste mathématiquement parlant plausible.
L'absence de source primaire trahirait-elle la falsification des Fouquet ?
En effet, dans Vita petri aerodii (p. 290), Gilles Ménage (1613-1692) fait naître Jacques CUPIF en la ville d'Edimbourg en Écosse et explique son arrivée en France en 1458 comme archer de la garde écossaise au service du roi Charles VII. Il se serait retiré à Candé après la mort de ce dernier. Dans ses Recherches généalogiques et historiques sur les familles des Maires d'Angers, Gontard de Launay établit la généalogie des CUPIF en reprennant ces mêmes informations.
Que dire de cette affirmation de Célestin Port : « au service de Charles VII et peut-être de René d'Anjou » à l'article CUPIF ? René d'Anjou était le beau-frère de Charles VII en raison de son épouse Marie d'Anjou. Cela expliquerait-il qu'un archer écossais, habituellement installé dans le Berry à Aubigny (terre écossaise en France) se retrouve à Candé en Anjou ? Charles VII meurent en 1461 soit 3 ans après l'arrivée supposée de Jacques CUPIF. Ce dernier aurait servi le duc d'Anjou ensuite.
Célestin Port se base très certainement sur les écrits de Ménage (lui-même angevin) et peut-être a-t-il collaboré avec Gontard de Launay, son contemporain. Mais la rigueur de Gontard de Launay est contestée notamment par Odile Halbert (voir également les commentaires au bas de cet article). Dans son Sixième reccueil de généalogies angevines, Bernard Mayaud (1925-2005) met en garde sur les affirmations de Ménage concernant la famille CUPIF d'autant qu'on trouve des CUPIF dès le début du XVe siècle en Anjou. François Bizay, auteur de Gilles Ménage, figure angevine de la république des lettres (Presses universitaires du Midi, 2015) précise (p. 16 et 17) : « Les avantages pécuniaires du clientélisme n’étaient pas négligeables au XVIIe siècle. Dans une bonne maison, le maître payait le gîte et le couvert dont le montant allait de 600 à 1 000 livres par an », « Ménage chercha à entrer dans la clientèle d’un protecteur, car il n’était pas facile de vivre uniquement de sa plume. [...] Ménage se rapprocha de Mazarin et, après la Fronde, se plaça sous la protection de Nicolas Fouquet ». Or on sait aujourd'hui que Nicolas FOUQUET, loin de s'émouvoir des avertissements de Pierre d'HOZIER, avait conforté la falsification généalogique attribuée à son grand-oncle Issac FOUQUET en rachetant la terre de ses homonymes nobles titulaires des Moulins-Neuf. Outre ces FOUQUET des Moulins-Neufs, Isaac par ailleurs cousin germain de Renée CUPIF, faisait également descendre sa famille de « Pierre Cuissart, ancien exempt des gardes écossaises du roi » alors pourquoi pas un autre archer écossais au travers d'un Jacques CUPIF allié à l'illustre famille angevine de l'ÉPERVIÈRE.
La voie héraldique
Le blason de la famille CUPIF entretien la légende. En effet il porte d'azur au chevron d'or accosté de trois trèfles de même, deux en chef et un en pointe ou d'argent à trois trèfles de sinople. La première forme est particulièrement proche pour ne pas dire identique des armes d'une autre famille, les Bothwell d'Écosse. Kearney Bothwell relate cette ressemblance sur sont site.
D'après le Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France, les trèfles héraldiques signifient un pays abondant en fourrages, « ceux qui en ont dans leurs armes les portent en mémoire de ce qu'ils ont eu soin de camper la cavalerie, dont ils avaient le commandement, proche des lieux commodes pour la nourriture des chevaux ».
La piste étymologique
L'étymologie supposé de CUPIF ou COUPIF « nom fréquentif écossois » d'après Ménage, viendrait de l'anglais "to coup", troquer. Il évoque l'expression "horsecoupers", "troqeur de chevaux" rappelant que les écossais exportaient des chevaux vers l'Angeleterre pour les troquer.
Le Dictionnaire généalogique des familles de l'Anjou récapitule un peu tous ces éléments à l'article CUPIF et confirme la mise en garde de Mayaud par l'existance d'un certain Jean CUPIF, curé de Candé en 1426 soit 32 ans avant l'arrivée supposée de Jacques CUPIF en France. Un infime argument pourrait faire tenir cette ascendance décidément bien fragile : l'amitié franco-écossaise ne date pas du XVe siècle. La "Auld Alliance" lia militairement les deux royaumes dès le XIIe siècle. Notre curé peut alors descendre de laboureurs ou de marchands angevins comme d'un mercenaire écossais. Les archers des gardes du roi étaient recrutés dans les mêmes familles écossaises ou clan : Stuart, Montgomery, Cokburn ; il pourrait en avoir été de même pour les CUPIF. A ce jour aucune preuve tangible ne permet de l'affirmer.
Sources :
Gilles Ménage, Vita petri aerodii, Paris, 1675
Gontard de Launay, Recherches généalogiques et historiques sur les familles des Maires d'Angers, Angers, 1899
Célestin Port, Jacques Levron, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire et de l'ancienne province d'Anjou, H. Siraudeau et Cie, 1965
Bernard Mayaud, Sixième reccueil de généalogies angevines, 1986
Kearney Bothwell, www.bothwell.cx, 1999
Association pour le Dictionnaire des Familles de l'Anjou, Dictionnaire généalogique des familles de l'Anjou - fascicule n°33, 1999
Wikipedia, Auld Alliance,
François Brizay, Gilles Ménage, figure angevine de la République des Lettres, Littératures classiques 2015/3 (N° 88), Presses universitaires du Midi, 2015